2/22/2010

Congé

J'ai décidé de m'accorder congé de ce blog jusqu'en mars, pour me remettre de mon passage dans le domaine des vingt-six ans.

Bonne fin de février!

2/17/2010

La Horde du Contrevent, d'Alain Damasio


Je voulais reprendre une de mes dissertations universitaires pour développer une critique de ce magnifique roman de Damasio, mais je me suis rendu compte assez rapidement que ça ne fonctionnait pas: premièrement, la critique serait beaucoup trop longue pour une lecture à l'écran. Ensuite, la dissertation avait été écrite dans le cadre d'un séminaire sur le récit de rêve en littérature, et ce n'est évidemment pas selon cet angle (quoi qu'il y a bien des choses à dire sur le sujet) que je voudrais aborder l'oeuvre. J'improvise donc une critique, là là, mais je ne garantis pas que je n'irai pas chipoter quelques passages de ma composition ici et là...

Rapide mise en contexte : La Horde du Contrevent d'Alain Damasio se déroule dans un univers où la terre est plate, où le vent, qui est l'élément central du roman, mais aussi du monde dans lequel l'histoire prend place, souffle constamment dans la même direction, d'amont en aval. La population est essentiellement séparée en deux classes : les abrités, qui vivent dans des villages de façon sédentaires, et les nomades. L'intrigue est centrée sur la 34e Horde du Contrevent, qui appartient à cette dernière classe, et qui a pour quête, comme son nom l'indique, de contrer le vent jusqu'à son origine, qui trouverait naissance en lieu mystique nommé l'Extrême-Amont, en opposition à l'Extrême-Aval, qui est leur point de départ.

La Horde est composée de vingt-trois personnages aux rôles divers et aux personnalités variées. La narration fait alterner les points de vue en sautant d'un individu à l'autre, à raison d’un paragraphe de longueur variable par narrateur, ce qui a pour double effet de présenter chaque situation sous plusieurs angles, mais aussi de faire de la Horde une entité unique et polyphrène, c'est-à-dire constituée de plusieurs esprits. Chaque nouveau paragraphe commence par le signe typographique se rapportant au personnage qui en assure la narration. Un paragraphe raconté par Sov le scribe sera orné d’un « ) », par un « π » pour Pietro le prince, par un « ~ » pour Callirhoé la feuleuse, un « Δ » pour Erg le combattant-protecteur, un « Ω » pour Golgoth, le traceur de la Horde, et ainsi de suite.

On pourrait se dire qu'il est douteux que l'auteur parvienne à faire tenir vingt-trois trames narratives dans un roman, même s'il fait plus de sept cent pages. En fait, ça fonctionne parfaitement, MAIS certains personnages-narrateurs sont beaucoup moins importants que d'autres, et sont donc bien moins représentés. Tout de même, l'auteur installe, grâce à cette ingénieuse tactique narrative, un effet de lecture à la fois sublime et déroutant, et dont les implications dans l'intrigue elle-même sont parfois troublantes (je n'en dis pas plus).

Autre trait formel amusant et inusité: la numérotation des pages est inversée, le roman commence à la page 700 et ce nombre diminue à mesure que le roman progresse. Tout comme la structure narratif, cet artifice formel est tout à fait justifié dans l'intrigue et dans l'esthétique de l'oeuvre, et symbolise (entre autres - encore là, je n'en dirai pas plus) le cheminement des personnages dans leur quête des origines du vent.

La Horde du Contrevent est un heureux mélange de fantasy et de... enfin, autre chose. Un peu de science-fiction, peut-être (navires volants et cie)? Une bonne dose de poésie, bien intégrée dans la cohérence de l'intrigue, et une touche de sémiologie, aussi, avec le langage du vent, qui vient parfois contaminer la narration humaine. J'aimerais bien montrer un exemple, mais la typographie est très importante, puisque la contamination passe par l'inclusion de signes, d'espaces, de vides entre les mots (ou dans les mots), et il ne me semble pas possible de reproduire cet effet ici. Vous devrez donc lire le livre pour comprendre de quoi je parle. De toute façon, ce n'est pas comme si c'était une corvée, que de dévorer ça. Oui, c'est une lecture exigeante, mais aussi enrichissante. Et c'est si bien écrit...

Ce roman de Damasio est dans ma liste de livres à relire au moins à quelques reprises dans quelques années (avec, notamment, La Recherche du Temps Perdu de Proust, Prochain épisode d'Aquin, La manufacture de machines de Louis-Philippe Hébert, toute l'oeuvre de Gombrowicz, une bonne partie de celle de Saramago...). Vraiment, ça m'a laissé une impression aussi durable que favorable.

À noter que le premier roman de l'auteur (La Horde était son deuxième), La Zone du Dehors, une autre brique, de SF dystopique cette fois, vient d'être rééditée en format poche chez Folio SF, et se trouve assez aisément en librairie. Je l'ai, mais je le laisse mûrir un peu dans ma bibliothèque, le temps qu'il soit à point.

2/14/2010

C'est la St-Valentin

Tout est dans le titre, pour ceux qui auraient oublié.

2/09/2010

Cursor*10

Un petit jeu en ligne très simple (et très court) mais absolument génial. Vraiment, vraiment bien pensé.

C'est ici.

2/05/2010

Le genre de réponse que j'adore

Moi: Où ça va, déjà, les napkins?
Carmélie: Dans la place à napkins!

Merci, chérie.

2/02/2010

Bref retour sur le Carnaval Boréal 2010

Comme je l'ai annoncé à maintes reprises sur ces pages, c'était en fin de semaine dernière que se déroulait la première édition virtuelle du Congrès Boréal, rebaptisé Carnaval Boréal pour l'événement. Le Carnaval misait sur le fait que les participants pouvaient y assister de chez eux, dans le confort de leurs pantoufles, thé ou café à la main. Le froid intense qui a sévi cette journée-là a bien servi cette particularité.

Je n'ai malheureusement pu assister qu'aux deux premières heures du Carnaval, c'est-à-dire en plein dans la période d'adaptation des usagers: je ne sais pas si, plus tard dans la journée, les utilisateurs étaient plus habitués, ou plus fatigués, ou les deux. Mais je dois dire que pour ma part, après deux heures, je ressentais un étrange mélange de fébrilité et d'épuisement. Si j'avais eu ma journée de libre, je crois que j'aurais pris une petite pause à ce moment-là, pour mieux y replonger plus tard.

C'est que la multitude des messages à lire provoque un effet particulier assez intense sur l'organisme. D'abord on se sent perdu, puis, quand on commence à comprendre ce qui se passe (et même un peu avant), on réalise que, hé, on aime ça, et que c'est même plutôt addictif. Je me souviens avoir ressenti un malaise diffus quand j'ai réalisé qu'aucun nouveau message ne s'était pas affiché depuis les 10 dernières secondes.

Mais il serait difficile, en parlant de toute cette instantanéité, de taire l'aspect profondément cacophonique de certaines discussions. La cérémonie d'ouverture, par exemple, était un festival de réponses mélangées et de pistes de discussion avortées. C'est probablement inévitable avec le format choisi, très similaire au blog, mais tout de même, ça pourrait en effrayer plus d'un (pour ma part, je trouvais ça fort marrant).

Il faut aussi dire que la discussion dans le panel auquel je participais, Les Dirlitts racontent, avec Yves Meynard, Joël Champetier, Pascal Raud et une participation surprise d'Élisabeth Vonarburg (qui pensait que c'était son panel, alors qu'elle était prévue pour le suivant) était déjà beaucoup plus claire. Je note que les discussions se sont naturellement stabilisées à cinq ou six branches différentes, ce qui rendait l'exercice d'attaquer le panel de tous les fronts humainement possible. J'ai beaucoup apprécié l'atmosphère générale qui se dégageait du panel, et l'interactivité plus que grande et plus facile pour les membres de "l'auditoire".

Sur un côté un peu négatif, des vétilles, mais tout de même: par exemple, je ferai remarquer le scroll intensif et constant auquel je devais m'adonner pour vérifier si rien n'avait été ajouté dans l'un des foyers discursifs du panel. L'idée, je crois, aurait été d'avoir le flux RSS des commentaires de cette conversation pour pouvoir accéder plus rapidement aux nouveaux ajouts. Peut-être serait-il possible d'ajouter une colonne, sur le côté, à cet effet?

En gros, j'ai bien aimé ma courte expérience du Carnaval. C'est une jolie initiative qui enrichit d'une façon originale le panorama des activités de la SFFQ. Quelques-uns suggéraient d'alléger un peu la formule, l'an prochain, de couper dans le nombre de panels pour éviter l'éparpillement des visiteurs. Pour ma part, je crois qu'il pourrait être bien de garder la même quantité d'activités (environ), mais d'étendre la durée de l'événement à deux jours plutôt qu'un seul. Ça pourrait donner une autre dynamique, un peu moins marathonienne, au Carnaval.