1/31/2011

Jouer sous Linux

Alexandre Babeanu, sur son blog, après avoir raconté une terrifiante histoire d'horreur à propos de son ordinateur, en venait à la conclusion que Linux, c'était très bien, mais pas pour les jeux (je paraphrase, évidemment).

Dans mon cas, cependant, j'ai eu plusieurs expériences complètement positives dans le domaine des jeux sous ce système d'exploitation. J'ai donc décidé de parler sur ce blog des jeux disponibles pour Linux (que soit de façon exclusive ou non).

Mes critères de sélection sont assez souples, mais si vous désirez me signaler une oeuvre, sachez que me concentrerai uniquement sur les jeux dont il est possible de se procurer une version entièrement électronique. Payer un jeu pour me le faire envoyer par la poste sur un DVD me semble un contresens total en 2011. Et puis, j'ai déjà assez de livres comme ça, je ne commencerai pas à m'encombrer de boitiers de jeux quand je peux l'éviter...

J'ai un deuxième critère, mais je ne crois pas l'appliquer systématiquement: je viserai davantage les jeux commerciaux, et donc payants. Il existe une pléthore d'excellents jeux gratuits disponibles pour Linux, évidemment, mais c'est surtout les petits studios indépendants que je veux encourager, ici.

J'ai déjà une bonne petite collections de jeux, dont une partie a été achetée dans le dernier Humble Indie Bundle. Il s'agissait d'une vente spéciale de cinq jeux indépendants (auxquels ont été ensuite ajoutés les 5 autres jeux de l'année précédente. C'était émouvant). Tous les jeux étaient disponibles sous Windows, Mac et Linux et ne comportaient aucun verrou électronique (DRM). Une autre particularité du HIB était que l'usager choisissait le montant qu'il paierait. Selon les statistiques du site, les utilisateurs Linux ont contribué à 20% des 1,8 millions amassés. Ce qui n'est quand même pas si mal pour un système d'exploitation estimé (quoi qu'on puisse facilement déduire autrement) à un maigre 1% du marché...

La série d'articles commencera d'ailleurs avec un jeu qui faisait partie du HIB: Osmos.



Jouer sous Linux

1/28/2011

Petit rappel

C'est ce soir qu'aura lieu le lancement du numéro 28 de Brins d'éternité, à la micro-brasserie Le Saint-Bock, à partir de 17h.

1/25/2011

Sommeil profond

Il y a quelques mois, je revenais, seul, d'une soirée particulièrement bien arrosée au St-Bock. J'étais encore capable d'aligner un pied devant l'autre, évidemment, je ne suis pas ivrogne à ce point (pas encore), mais la fatigue éthylique se faisait sentir, et j'avais bien hâte de me retrouver dans un lit (qui ne serait pas le mien, mais plutôt un matelas gonflable dans le bureau de la maison de ma mère; j'avais décidé d'aller coucher là pour des raisons logistiques).

C'est dans un demi-sommeil que j'attendais le métro à la station Berri-UQAM, bien calé contre le mur, les mains sur les genoux, dans l'attente du grondement caractéristique du wagon entrant dans la station. Après un moment qui m'a paru une éternité, les portes coulissantes se sont ouvertes devant moi, et j'ai pu trouver un siège libre, à côté de la fenêtre. Je me suis accoudé le plus confortablement possible (lire "peu") contre la vitre vombrissante et j'ai fermé les yeux. Prochaine station: Sherbrooke.

J'ai ouvert les yeux. La bouche pâteuse, les paupières collantes. Entrée en station: Mont-Royal. C'est fou, j'ai eu l'impression de m'être assoupi bien plus longtemps. Hâte d'arriver. Prochaine station: Sherbrooke.

Quoi?

Encore à moitié endormi, je vois le train arriver à la prochaine station, qui est effectivement Sherbrooke, puis arriver à mon point de départ, soit Berri-UQAM. Je n'ai plus besoin de preuves supplémentaires, je décide donc de sortir du wagon et d'aller attendre (encore!) le métro dans la bonne direction.

Mon esprit encore embrumé par le sommeil et l'alcool n'arrive pas tout à fait à comprendre comment j'ai réussi à partir du point A et, sans changer de direction, arriver à nouveau au point A. Ai-je été somnambule? J'ai déjà eu des crises par le passé, mais rien d'aussi flyé que de descendre d'un métro, de monter et de descendre plus escalier, d'attendre sur le quai et de m'asseoir dans un wagon. Non, la réponse la plus plausible est que je me suis probablement profondément endormi et que j'ai roulé jusqu'à Montmorency (ou seulement Henri-Bourassa, si le train n'allait pas jusqu'à Laval) et que, de là, j'ai refait tout le chemin jusqu'à Mont-Royal, sans m'éveiller une seule fois.

Ça semble bien logique comme ça, mais la sensation d'avoir perdu un moment de mémoire est très troublante. J'ai tendance à mettre cette anecdote en lien avec la façon dont je construits mes histoires fantastiques. J'avais déjà parlé des cinq étapes du deuil et de la similitude que je voyais entre ces étapes et celles du fantastiques. Je disais qu'un défaut que je vois souvent dans les fictions fantastiques est la trop grande place qu'occupe la phase du déni: ça ne sonne pas réaliste, ça bloque le récit et c'est très cliché. Et bien maintenant, je peux affirmer que dans mon cas, lorsque j'ai été confronté à une situation qui, selon mon point de vue, sur le moment, défiait toute logique, je n'ai pas passé bien longtemps à essayer de nier l'évidence: ce qui m'arrivait était tangible, réel, et il ne m'est pas venu à l'idée de l'occulter (même si l'étrangeté de la situation me troublait).

Cela dit, depuis, je tente de rester éveillé dans le métro.

1/22/2011

Ma dernière découverte musicale

Le thème du premier film de Jurassic Park, ralenti à 1000%.

Étonnamment, le résultat est très mélodieux et absolument planant.

J'aime.

1/19/2011

Boréal 2011 - Communiqué

(Un peu en retard, mais pas tant que ça, à mon tour:)

-- Communiqué pour diffusion immédiate --

Boréal 2011


Les 13, 14 et 15 mai 2011, à l’Hôtel Espresso & Centre de Conférence, Montréal


Invité d’honneur :
Joël Champetier

Auteurs invités
Daniel Sernine
Natasha Beaulieu
Frédérick Durand
Dominic Bellavance
et plusieurs autres…


Depuis 1979, le congrès Boréal accueille les amateurs, les connaisseurs et les créateurs du fantastique, de la fantasy et de la science-fiction. À cette occasion, le public est invité à rencontrer des auteurs tant professionnels que de la relève, de même que des éditeurs et des directeurs littéraires passionnés par les genres de l’imaginaire.

Les discussions se feront cette année autour du thème Escales imaginaires : les genres en mouvance.

L’invité d’honneur de l’édition 2011 du congrès Boréal, Joël Champetier, a effectué de nombreuses « escales imaginaires ». En trente ans de carrière, il a abordé plusieurs genres littéraires, de la science-fiction à la fantasy, en passant par le fantastique.

C’est la fréquentation des divers genres littéraires de l’imaginaire, leur hybridation et leurs permutations, qui retiendront l’attention cette année. De plus, la notion de genres sera aussi considérée dans la déclinaison de ses différentes formes, entre autres la prose, la poésie, la bande dessinée, le cinéma, le théâtre... Les genres de l’imaginaire seront ainsi explorés dans leur mouvance et leur décloisonnement, leurs rencontres et leur cohabitation. En somme, cet étonnant voyage en terres étrangères permettra de tracer une cartographie de l’imaginaire, de ses hauts-lieux, de ses itinéraires incontournables et de ses sentiers moins fréquentés.

Au programme :

Tables rondes – Rencontres et discussions – Concours d’écriture sur place – Lectures publiques – Salle d’exposition – Bandes-annonces de films – Vente de livres – Séances de signatures


Pour s’inscrire :
(bulletin d’inscription disponible ici)

20$ - tarif étudiant en tout temps (preuve nécessaire)
25$ - tarif complet à l'avance (jusqu'au 20 mars)
30$ - tarif complet à l'avance (jusqu'au 8 mai)
35$ - tarif complet à la porte
10$ - vendredi sur place
20$ - samedi sur place
15$ - dimanche sur place
50$ - inscription de soutien

Pour s’inscrire par la poste, il suffit de poster d’ici le 8 mai un chèque ou mandat-poste libellé à l’ordre de SFSF Boréal Inc. à l’adresse suivante.

Adresse d’envoi :
Boréal 2011
2142, rue Bourbonnière, unité 3
Montréal, QC, H1W 3P1

Emplacement du congrès :
Hôtel Espresso & Centre de Conférence
1005, rue Guy (près de l’intersection des rues Guy et René-Lévesque)
Montréal, QC, H3H 2K4

Par le métro : stations Lucien-L’Allier et Guy-Concordia

Site Web du congrès : http://www.congresboreal.ca

Pour plus de détails (sur le déroulement du congrès, la location d’une table de vente, l’hébergement, etc.), n’hésitez pas à nous contacter à congresboreal2011@gmail.com


– 30 –

1/18/2011

9 logiciels Linux dont je ne peux pas me passer (3)

(Lire la première partie. Lire la deuxième partie)

htop
Pour voir les programmes qui fonctionnent sur l'ordinateur
http://htop.sourceforge.net/

Ubuntu vient avec un très beau programme, System Monitor, qui permet d'avoir plusieurs informations sur le système, par rapport à la mémoire utilisée, à l'espace disque disponible, aux logiciels qui fonctionnent sur l'ordinateur. Et c'est bien beau, tout ça, mais ça ne sert strictement à rien lorsque, par exemple, l'affichage déconne (ce qui peut arriver quand on bidouille avec Wine -- j'y reviendrai) et qu'on n'a accès à rien d'autre qu'à la ligne de commande.

C'est ici que htop intervient.


htop

Le logiciel propose une interface graphique en ligne de commande qui est à la fois simple d'utilisation et diablement efficace. Je n'utilise plus que ça dès que j'ai besoin de tuer un programme, parce que c'est plus rapide que d'aller dans les menus et démarrer System Monitor.


KSnapshot
Pour prendre des captures d'écrans
http://docs.kde.org/development/en/kdegraphics/ksnapshot/


KSnapshot

Dernier (promis!) logiciel KDE, KSnapsot se démarque de beaucoup de son homologue Gnome, en présentant beaucoup plus d'options (capture d'une fenêtre, d'une région d'une fenêtre, d'un secteur de l'écran, etc).

Ironiquement, cependant, j'ai du faire appel à un autre logiciel pour prendre un capture d'écran de KSnapshot...


PlayOnLinux
Pour rouler des programmes Windows
http://www.playonlinux.com/en/

Finalement, le dernier mais non le moindre, PlayOnLinux, qui, comme son nom l'indique, sert à faire fonctionner des jeux Windows sur Linux. En fait, POL (pour les intimes) sert surtout d'interface avec Wine (qui permet d'exécuter des logiciels Windows sous d'autres systèmes d'exploitation), qui, lui, fait le sale travail. Est-ce dire que POL est un élément superflu? Pas du tout! Le logiciel permet de faciliter les installation avec des scripts, de gérer plusieurs version de Wine à la fois, chacune pouvant avoir des configurations différentes et adaptées au programme Windows auquel elles sont assignées...


PlayOnLinux

Voilà donc pour ce rapide tour d'horizon. La liste est loin d'être exhaustive, et, comme je le mentionnais, je compte faire une deuxième liste, celle-là composée de logiciels multiplateformes (mais en me concentrant sur les versions Linux). Ce ne sera pas avant quelques semaines, par contre.

Si vous avez des alternatives à suggérer par rapport aux programmes que je viens de présenter, n'hésitez pas à vous manifester!

1/17/2011

9 logiciels Linux dont je ne peux pas me passer (2)

(Lire la première partie de la liste)

Gnome-terminal
Pour faire à peu près n'importe quoi

http://en.wikipedia.org/wiki/GNOME_Terminal

Ah, le terminal de Linux! Les néophytes le regardent d'un mauvais oeil, parfois même avec crainte. Mais sachez que la ligne de commande est votre amie, qu'elle vous permet de faire certaines opérations plus rapidement et plus efficacement que n'importe quel GUI (Graphical User Interface). Notez le *certaines* opérations, tout de même: ce n'est pas un remède miracle, non plus. (Pour être clair: on peut tout y faire, mais ce n'est pas toujours la méthode la plus facile ou la plus rapide.)


Gnome-terminal

J'avoue ici n'avoir pas vraiment été à la recherche des terminaux plus perfectionnés que celui fourni par défaut dans Gnome, mais c'est que je suis tout à fait comblé, ici. J'ai bien déjà essayé Konsole, l'équivalent KDE, mais il y a un petit quelque chose qui m'énerve dans la présentation visuelle, pas grand chose, mais juste assez pour me faire préférer gnome-terminal.

Tout le système de profiles me permet aisément de gérer des configurations d'apparence pour les divers RogueLike (comme DoomRL, dont j'ai déjà parlé ici) auxquels je joue.

Vraiment, Gnome-terminal est probablement le logiciel que je chéris le plus dans cette liste...



K9copy
Pour encoder des films
http://k9copy.sourceforge.net/index.php

Retour à KDE avec k9copy, un logiciel extrêmement puissant (mais d'une simplicité enfantine) pour extraire et encoder des films et des émissions à partir des DVDs. Comme je regarde plusieurs émissions sur mon petit laptop et que celui-ci n'est pas muni de lecteur DVD, l'encodage en format avi est nécessaire. Et k9copy permet de le faire facilement en quelques clics. Il permet même de traiter plusieurs pistes de DVD une à la suite de l'autre, ce qui est pratique, par exemple, si on veut encoder les 4 épisodes d'un DVD dans 4 fichiers distincts.


K9copy

Le seul petit bémol, par contre, c'est que le logiciel ne permet pas de nommer individuellement les fichiers d'une batch, mais seulement de les numéroter. C'est ici qu'intervient...



Krename
Pour renommer plusieurs fichiers à la fois
http://www.krename.net/


Après Gnome-terminal, Krename est probablement mon plus grand coup de coeur. C'est tout simple, pourtant... Il permet de sélectionner autant de fichier qu'on veut, puis d'en modifier les titres à travers des recherches et des remplacements, des expressions régulières, etc.


Krename

Un petit bijou.

(Demain, suite et fin de la liste)

1/16/2011

9 logiciels Linux dont je ne peux pas me passer (1)

J'ai réalisé que quand je parle de mon expérience avec Linux sur ce blog c'est souvent pour décrire les problèmes que je rencontre et, parfois, les solutions que je trouve. Je vais continuer de faire ça, surtout quand je tombe sur un remède miracle (question de partager et de propager la bonne information, quoi), mais je me suis dit qu'il pourrait aussi être pertinent de parler un peu de ce que j'aime et de ce qui fonctionne dans tout ça.

Parce qu'il y en a beaucoup de choses qui fonctionnent très bien dans l'univers Linux. Voici une courte liste de logiciels qui me sont, d'une façon ou d'une autre, indispensables. Ils n'existent, à ma connaissance, que sur Linux, mais ont probablement des équivalents sur d'autres systèmes d'exploitations.

Je prépare aussi un billet similaire portant sur des logiciels multiplateforme (disponibles sur Linux et Windows, par exemple).



K3B
Pour graver des CD et des DVD
http://www.k3b.org/


J'utilise principalement l'environnement Gnome, mais j'aime passionnément plusieurs logiciels de la suite KDE. K3B fait partie du lot.

K3B


Le logiciel propose une interface épurée et efficace, tout en proposant une gamme impressionnante d'options. Je ne suis pas très power user pour ce qui est du gravage de DVD ou de CD (de musique, principalement), mais j'apprécie beaucoup la simplicité de l'utilisation et la fiabilité des résultats obtenus.



Gnote
Pour prendre des notes et faire des listes
http://live.gnome.org/Gnote


Gnote est, en fait, un clone de Tomboy, qui utilise Mono (une implémentation open source de .Net de Microsoft). Côté performance, les deux programmes sont similaires, mais comme le status légal de Mono est incertain (plusieurs croient que développer trop de logiciels clés à l'aide de cet outil pourrait affaiblir Linux en rendant les distributions et les développeurs à risque d'une attaque légale sournoise de Microsoft), j'ai préféré la version codée en C++. Différence idéologique plus que pratique, vraiment.



Gnote



Encore ici, une interface simple et efficace, avec, en plus, un système d'hyperliens internes qui permettent de lier plusieurs notes entres elles. Le programme s'installe discrètement dans la barre de tâche, et voilà, le tour est joué, un bloc note virtuel à portée de la main (en plus pratique que les équivalent de Notepad de Windows, en ce qu'il est facilement accessible en tout temps ET qu'il sauvegarde les informations à mesure qu'on les tappe).



Gnote




Akregator
Pour gérer les flux RSS
http://userbase.kde.org/Akregator


Un autre logiciel KDE. J'avoue avoir essayé plusieurs agrégateurs Gnome lors de ma dernière installation (Ubuntu 10.10), sans être tout à fait satisfait de l'apparence ou des performances (je pense à Liferea, par exemple, qui gelait systématiquement au moment de chercher les nouvelles. Meh).



Akregator


Akregator ne réinvente pas la roue; il se contente de faire ce qu'il doit faire, et il le fait bien. Et vite, aussi: je dois suivre facilement plus d'une centaine de site, dont une majorité sont mis à jour plusieurs fois par jour, sans ralentissement pour le reste de l'ordinateur, et sans blocage dans le programme lui-même. Win.

(Demain, la suite de la liste)

1/13/2011

Pour l’athéisme artistique

Titre alternatif: contre le fanatisme littéraire. C'est un peu fort, mais ç'a le mérite de restreindre mon discours au champ littéraire, celui dans lequel je suis le plus à l'aise de discuter.

Comme certains d'entre vous le savez déjà, j'ai commencé en automne dernier une technique intensive en informatique. (Je reviendrai dans un autre billet sur ma perception du lien entre la création littéraire et la construction d'un logiciel.)

Au milieu d'un cours sur les autorisations NTFS, un étudiant que je ne connais pas ouvre la porte à la volée en criant quelque chose comme "Raid poétique". Je ne sais pas exactement à quelle réaction il s'attendait, mais il a semblé légèrement décontenancé par la convergence des regards interloqués de toute une classe. Quelques instants de silence plus tard, l'étudiant annonce son intention de nous lire un poème. Le prof bredouille, encore un peu sous le choc:

-- Ben, c'est que, y'a un cours...
-- Ouais, mais c'est juste un poème, ç'a jamais fait de mal à personne, un poème...

(Ce gars-là sous-estime grandement le pouvoir de la littérature).

-- Et puis, qu'il rajoute, d'habitude le monde est content.

Ah, c'est de notre faute? Bon...

Probablement parce qu'il sent que c'est la façon la plus rapide de se débarasser de l'importun, le prof accède à sa demande, et l'étudiant se lance dans une lecture d'une poétesse québécoise dont le nom m'échappe. Sitôt la dernière strophe scandée, trois petits tours et puis s'en va. La porte était à peine refermée que quelques rires fusaient déjà dans la classe. Mais moi, je ne riais pas, j'étais même un peu troublé.

Tout d'abord, je ne veux pas démolir l'entreprise étudiante de ces Raids poétiques: jusqu'à un certain point, je comprends la pertinence et l'intérêt du projet. Mais si je m'abstiens de démolir, je me réserve toutefois le droit de critiquer.

La littérature, et par ce terme je rejoins tout le domaine romanesque, poétique, fictionnel, dramarturgique, etc., n'est pas un bulldozer qu'on peut imposer à qui passe par là. Une telle attitude dénote une incompréhension de la relation qui existe entre l'auteur et le lecteur, qui est bien plus complexe qu'un simple processus unilatéral d'appréciation. Prendre pour acquis que tout le monde est continuellement un lecteur potentiel revient à placer l'auteur sur un piédestal permanent: "Moi, artiste, vais te donner de l'art. Si tu n'en veux pas, ouvre la bouche quand même, je vais pousser fort pour que ça rentre."

À quoi bon imposer la beauté à des personnes qui n'en veulent manifestement pas? Ce gars du raid poétique (que je me permets de viser directement, premièrement parce que je ne saurais même pas le reconnaître si je le croisais dans la rue, et ensuite parce que je le construit comme un être abstrait qui représente l'entreprise à laquelle il participait) serait-il vraiment content si je débarquais chez lui à trois heures du matin pour lui réciter deux ou trois sonnets (ou sonates :P)? Non, il se sentirait envahi, et à juste titre. Pourquoi, donc, s'attendre à des applaudissements quand il fait un peu la même chose aux autres?

Se poser la question, c'est y répondre: l'idée, derrière tout ça, est de réveiller l'étudiant moyen, encrassé dans ses habitudes, et l'amener à voir le monde d'une autre façon en élargissant ses horizons, en le confrontant à des situations différentes et enrichissantes. C'est bien beau en théorie, mais dans les faits, ça ne fonctionne pas. On ne peut pas changer quelqu'un comme ça contre son gré...

Et si je suis d'accord avec le fond et l'idée très générale, je ne peux que me révolter contre une pratique de l'art dont le but principal et avoué est de faire chier les gens. Ce que j'y vois comme message qui est véhiculé à travers tout ça, c'est que si tu n'aimes pas la poésie, t'es un con, un béotien, un insensible. Pourtant, la poésie peut se manifester sous forme romanesque, par exemple, et certains (comme moi!) sont davantage sensibles à cette forme là, alors que la forme versifiée me laisse plus souvent qu'autrement de marbre: pourquoi donc courir les classes d'un collège pour imposer unilatéralement une vision de la littérature?

Souvent, quand on veut imposer sa vision des choses, c'est par manque de confiance, par refus de l'altérité, de la diversité. J'ose espérer que ce n'est pas avec cette attitude là que les poètes de demain investiront le territoire littéraire du Québec...

1/10/2011

Retour sur l'analyse des jeux vidéos

Tout d'abord, merci pour les nombreuses réactions à ce billet. Comme ce dernier mérite de toute façon quelques éclaircissements, je tâcherai ici de faire une synthèse de mes réponses.

Premièrement, avec le recul, je réalise que je me suis bien mal exprimé en déplorant la pénurie d'analyses sérieuses sur le jeu vidéo en tant qu'oeuvre d'art; je pensais principalement à la critique commerciale (IGN, Gamespot et cie), qui, si elle est souvent très pertinente pour le jeu vidéo dit "standard" (tel jeu de tir est-il visuellement plus intéressant que tel autre, les mécaniques du gameplay sont-elles bien balancées, le mode multijoueurs comporte-t-il des failles, etc.), ne parvient que rarement à rendre compte des jeux plus expérimentaux -- quand elle ne les ignore pas complètement.

J'avais pointé quelques ressources pour l'analyse, mais je ne voulais pas sous-entendre qu'il n'en existait pas d'autres. Je tiens d'ailleurs à remercier tous ceux qui m'ont indiqué sites et revues: j'ai plusieurs lectures intéressantes qui m'attendent, je crois.

Ce qui ressort le plus souvent dans les commentaires du premier billet, c'est l'impératif de ne pas analyser les oeuvres multimédia selon un seul angle, notamment le narratif. Je comprends et suis d'accord avec une bonne partie de la remarque, mais en même temps, je crois qu'il faut quand même diriger chaque analyse en fonction de l'oeuvre: par exemple, en littérature, on ne parlera pas du livre en tant qu'objet s'il n'y a pas de recherche formelle à ce niveau. De même, si l’interactivité d'un jeu n'apporte rien de pertinent à l'analyse, par rapport au scénario, aux symboles, aux jeux de couleur et de musique, ça ne sert à rien de l'inclure. Oui, ça ressemblerait à une étude sur un film, à ce moment là, mais ça ne me semble pas un problème en tant que tel.

Et de toute façon, une analyse est, par définition, partielle: il n'y a pas de mal à diriger un essai sur une particularité ou une thématique d'une oeuvre. Ainsi, une analyse portant principalement sur le côté narratif d'un jeu pourra être complètement valable. Elle n'aura cependant pas beaucoup de portée si elle fait complètement abstraction des autres dimensions de l'oeuvre, évidemment.

1/07/2011

Nouveau départ

J'ai connu, dans les derniers mois, une période de vide, pendant laquelle la simple tâche de tenir ce blog me semblait titanesque. Il va sans dire que mon écriture en a aussi souffert. Partagé entre les impératifs scolaires, tout le travail que demande mon poste de directeur littéraire chez Brins d'éternité (en plus des quelques contrats que j'ai l'honneur d'accomplir pour Les Six Brumes), je ne trouvais tout simplement pas le temps, et surtout l'énergie, pour jongler avec davantage de projets.

Mais je me connais: le plus dur, à moyen terme, c'est toujours de commencer. Ensuite, suffit de suivre la vague. J'ai donc décidé de me donner un petit coup de main (ou de pied) pour aider ce nouveau départ, en écrivant quelques billets à l'avance. Et en respectant, cette fois-ci, la prime directive de tous les blogs, qui est de mettre une photo de chat dès que l'occasion se présente (le bacon étant optionnel).

Voici donc :



Lynch
Lynch, quand on arrive à le désintéresser quelques instants de son entrejambe.


Au programme, des réflexions sur l'écriture (principalement la science-fiction) à partir de mes maigres expériences d'auteur, d'éditeur, de directeur littéraire ou de lecteur (multiples personnalité, moi ? Mais pas du-- Oui !!), des billets technologiques sur Linux, que ce soit par rapport au gaming (qui oui, est possible, et qui, oui, est en expansion) ou à mes découvertes et coups de coeur en matière de logiciels. Et, me connaissant, plusieurs autres trucs connexes.

À suivre ! J'entends reprendre mon rythme d'un billet aux trois jours. Voilà !