La traduction est une histoire de science-fiction
Certains auront reconnu le clin d'oeil au dernier roman de Jacques Poulin, La traduction est une histoire d'amour. Si je n'aime pas vraiment cet auteur, je suis plutôt en accord avec l'énoncé du titre de son livre — à condition de souligner, dans l'histoire d'amour, tout ce qu'elle contient d'incompréhension et de déchirement.
J'ai commencé à lire Le Temps de Sébastien Gazaille, et les premières pages m'ont fait quelque peu froncer les sourcils. J'attendrai une bonne centaine de pages de plus avant de décider si j'aime ou non, mais ça ne commence pas très bien: une équipe d'archéologues découvrent un mur recouvert d'une écriture très ancienne, antérieure à l'écriture égyptienne (le texte demeure flou quant à la datation exacte, mais j'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une langue inconnue, dont on avait trouvé que quelques inscriptions sur des fragments au fond d'une mer). On s'abstient de photographier ledit mur pour ne pas endommager l'écriture avec le flash. Jusqu'à présent, ça va, mais on se demande pourquoi personne n'amène un trépied pour faire une photographie à exposition prolongée. Ça se gâte, par contre, quand un personnage commence à déchiffrer les symboles... à la lueur d'une torche (duh!).
Mais à part ces incohérences somme toute mineures et bien pardonnables, toute la scène du déchiffrement m'a semblé maladroite: le spécialiste qui s'attèle à cette tâche semble avoir trop de facilité, le passage de la langue ancienne et probablement en grande partie inconnue est trop simple, trop rapide. Bon, il est incapable de traduire un symbole en particulier, mais ça ne l'empêche en rien de saisir le message dans son ensemble. Ce n'est peut-être qu'un raccourci de narration: il est évidemment plus commode pour l'auteur de donner directement l'information traduite au lecteur, plutôt que de l'embêter avec un tas de questions sémiotiques et linguistiques...
Cependant, à bien y penser, pourquoi pas?
Parmi les quelques histoires de SF qui me trottent dans la tête, quelques-unes ont un rapport plus ou moins direct avec le langage, qu'il soit humain ou extra-terrestre. Je trouve l'acte de traduction tout à fait fascinant. Bien sûr, c'est encore mieux quand on part à zéro, qu'on doit décortiquer la langue inconnue, l'analyser, la décrypter pour en extraire de la signifiance. Personnellement, j'ai toujours détesté, en science-fiction, ce cliché particulièrement éculé du space opera qu'est le traducteur universel, gadget qui peut, à partir de quelques phrases ou quelques mots d'un nouveau dialecte, reconstituer toutes les règles de la langue et ainsi fournir une traduction instantanée et parfaite. Encore ici, c'est évidemment un raccourci que le lecteur initié, désireux de voir la suite de l'histoire, concède aisément à l'auteur. Mais le concept m'a toujours semblé un contresens total, en plus d'être d'une facilité un peu insultante.
Je me souviens d'ailleurs d'une nouvelle de Michèle Laframboise, « Ceux qui ne comptent pas », parue dans Solaris #149, qui traitaient de la problématique du langage sous un angle intéressant (je résume de mémoire, désolé d'avance si je suis dans les patates): un groupe de marchand, habitué de négocier avec diverses races extra-terrestres qui ne parlaient pas tous des langages terriens (ou qui n'en avait physiquement pas la capacité), utilisait les mathématiques comme langue universelle, jusqu'à ce qu'il entre en contact, justement, avec une civilisation qui ne semble pas connaître les nombres...
Bon, ça continue avec "Le Temps" : on décrit une "civilisation moderne disparue" [sic] qui aurait existé il y a des milliers d'années avant la nôtre, et on y boit du champagne. *Soupire, retourne à sa lecture*.
RépondreEffacerAttends... si t'en veux une bonne, lit "La philosophie vampirique" de Josy-Ann quelque chose, aux éditions Périclès. C'est tellement mal écrit, sans queue ni tête, que je plains la pauvre fille (de 21 ans) d'être tombé sur un éditeur qui a accepté de publier son roman.
RépondreEffacerEt je suis seulement rendu à la page 30.
Hum. Courage, mec.
RépondreEffacer"Le Temps" a le mérite (?) d'être publié à compte d'auteur. Au moins, ici, l'honneur de l'édition au Québec est sauf...
C'est fou les ravages que peuvent faire une absence de direction littéraire.
Je suis en train de lire Blindsight de Peter Watts. Ça parle entre autres choses de traduction. Pas mal intéressant. Voici l'adresse. Le livre est disponible en entier sur le site de l'auteur:
RépondreEffacerhttp://www.rifters.com/real/Blindsight.htm
Merci Alexandre, je mets ça dans ma liste de lecture :)
RépondreEffacerVoilà qu'une fan annonce la nomination au Prix Jacques Brossard de Josy-Anne Brousseau maintenant http://espace.canoe.ca/merjub/blog/view/112541#comments
RépondreEffacerN'importe quoi lolol
Wow. Et il est question, dans les commentaires, du Grand Prix *qu'elle a gagné*. Je me sens en pleine Quatrième Dimension ;)
RépondreEffacerJe pense que c'est un mal entendue de la personne qui annonce n'importe quoi sur sa meilleure amie...
RépondreEffacerC'est quand même un fait que le roman de JAB est nominé (ou plutôt éligible; il n'y a pas de nominations) au Grand Prix. Par contre, celui-ci n'a pas encore été remis, cette année.
RépondreEffacerAlors le message sera fait à la personne pour qu'elle change l'info s'il s'agit non d'une nomination, mais d'une position "d'éligibilité"! Il y a toujours des différences et ça crée souvent des malentendus!
RépondreEffacer@les_singes - c'est peut-être n'importe quoi, comme tu veux, mais comme on m'avait gentiment demandé de le faire... oui, tu as bien lu, on me l'a demandé, et le fait d'être fan ou non n'a pas tellement de lien. J'ai lu LPV et j'ai apprécié, sachant très bien que le texte a été commencé lorsque l'auteure avait seize ans, et malgré les différents problèmes avec lesquels elle doit faire face (elle viendra vous les énumérer si elle le désire, ce n'est pas à moi de le faire) et ce, chaque jour. Malgré le fait que le texte, je l'admets, soit répétitif et court pour les 600 ans de vie d'un personnage, j'ai tout de même apprécié. Je précise que ceci viens de moi; ce commentaire ne m'a pas été demandé comme le billet dont tu fait mention. Encouragé, oui, mais jamais on ne m'a dicté quoi répondre.
RépondreEffacerCela dit, si vous prenez la peine de relire le billet que j'ai fait (que j'ai d'ailleurs fait relire à la personne qui me l'a demandé AVANT de le poster), je ne suis pas responsable de ceux qui croient qu'elle a gagné quelque chose, puisque j'ai mentionné ce qu'on m'avait dit alors, le terme "nomination", dont on vient de m'informer que ce n'est pas une nomination. L'erreur de terme n'est pas de moi; aussi, la modification sera apportée dans les commentaires, et non dans le billet, peu importe ce que les autres en diront.
JAB me considère certes comme étant sa meilleure amie, mais je ne m'enfle pas la tête avec ça, bien au contraire. Peut-être même qu'elle sera en désaccord avec ce que je vous poste ici. Et ça ne me dérange même pas.
Merany Jubinville.
Merjub: D'accord, merci pour ces éclaircissements :) Quand même, je précisais que c'était dans le commentaires, la mention du prix gagné. De toute façon, tout le monde a droit à l'erreur, c'est correct, personne ne crucifiera personne pour ça :)
RépondreEffacerSalut Guillaume!
RépondreEffacerJe viens de trouver les commentaires sur les traduction en Sf. Dans ma nouvelle Ceux qui ne comptent pas (au sens littéral du terme!) un grand linguiste avait mis au point ses 64 postulats de base (les 64 hypothèses de Dane, sur les priorités d'une civilisation donnée) pour, en recueillant du vocabulaire inconnu, déduire les usages. C'est un processus nettement plus laborieux qu'un traducteur universel de Star Trek.
Je pense qu'il y a une version de la nouvelle sur internet.
Michèle Laframboise