Le souffle du cerbère, Yves Narbonne
NUM éditeur, collection NUM fiction, 2014, 438 pages.
Yraë, élève du mystérieux devin Nuidir Fang, s'embarque avec son maître dans une mission-suicide pour empêcher que soit libéré le Souffle du Cerbère, une antique arme bactériologique assez puissante pour éradiquer toute vie sur la planète. En cours de route, ils affronteront plusieurs dangers, mais feront aussi la rencontre de personnages colorés, tels que Drull le Smilodon, un barbare dont la tribu a été presque entièrement décimée, Synn la Diablesse, une femme fatale cambrioleuse et Jormen Otembyor, le capitaine d'une nef volante.
Yves Narbonne nous présente ici un univers de fantasy (avec des relents de SF) bien étoffé, suffisamment pour qu'on puisse espérer qu'il commettra d'autres histoires dans ce monde. Le voyage de Yraë et de Nuidir Fang est une bonne excuse pour permettre au lecteur de voir du pays et donner une impression de grandeur.
Les personnages, dans l'ensemble, sont bien développés, sauf peut-être pour Jormen, qui est beaucoup plus effacé et qui ne semble être là que pour justifier l'utilisation d'un navire volant. Cela dit, c'est au niveau de l'interaction entre les personnages que la dynamique m'a semblé un peu moins réussie. Par exemple : Drull le Smilodon est d'abord présenté comme un redoutable guerrier, un voyageur solitaire qui, dès qu'il rencontre les deux personnages principaux, désire subitement se joindre à eux, pour des raisons très rapidement exposées et pas tout à fait convaincantes. Ou pire encore, le cas de Yraë et de Synn. L'élève de Nuidir Fang a fait un vœu de silence, afin de se dédier complètement aux arts mystiques, dans le but de mener à bien sa quête. Synn, quant à elle, a survécu toute sa vie dans une métropole malfamée grâce à ses charmes et à la ruse, voire la tromperie. On a là deux personnages aux personnalités assez opposées, dont la rencontre pourrait produire des tensions... Mais non, c'est pratiquement le coup de foudre au premier regard, et de personnages relativement complexes, ils deviennent niais et empotés. Oui, le fait de construire une romance entre deux personnages peut être un moteur narratif intéressant, mais ici, j'ai l'impression que ce n'est pas naturel, que c'est l'auteur qui a voulu que ses personnages tombent amoureux, plutôt que de les laisser en arriver eux-mêmes à cet état. Vous voyez la nuance?
Cela dit, je chiale, mais j'ai bien apprécié la lecture du Souffle du Cerbère. La plume de Narbonne est toujours aussi soignée (quoi qu'il me semble avoir vu quelques coquilles, ici et là), et la construction du roman est compétente. L'auteur donne assez d'informations pour que le récit se tienne, mais conserve suffisamment de zones d'ombres pour laisser place à l'imagination et, peut-être, à d'autres aventures.
Critique parue dans Brins d'éternité 39
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