6/24/2015

Écriture (II)

J'avais pas mal délaissé le travail sur mon plan, avec les événements de la semaine dernière, mais maintenant je m'y remets doucement.

J'ai plus ou moins bouclé les fiches de personnages. Il reste encore du travail à faire là-dessus, mais j'arrivais à un point où ça ne progressait plus avec cette méthode. J'ai donc commencé à rédiger les plans du récit. J'en prévois trois, un pour chaque trame narrative. Ça me permettra d'avoir, à terme, un résumé plus précis du déroulement du récit, que je pourrai ensuite découper en scènes dans le plan narratif.

J'ai décidé de m'attaquer directement à la trame qui me semblait la moins claire, et déjà, j'ai décelé des problèmes dans l'idée que j'avais: tel personnage ne peut pas vraiment se comporter de telle façon, parce que ce n'est pas crédible, et ça télégraphie un peu trop un retournement prévu pour plus tard. Je réalise que j'ai souvent deux types de solutions à ce genre de problème: soit je simplifie le récit, en supprimant complètement l'événement, soit, au contraire, je complexifie, en ajoutant d'autres événements pour mieux introduire ce que j'avais en tête. La plupart du temps, j'opte pour l'ajout, et je trouve ça très emballant: il me semble que l'histoire prend du corps, de la substance, et que ça me permet de tisser des liens plus solides entre mes idées et mes concepts.

Pour le moment, j'essaie de me concentrer sur une trame, de chercher le bon déroulement des événements pour que cette partie du récit fonctionne. Mais je ne peux m'empêcher de noter des parallèles intéressants avec les autres trames. Un des défis du plan narratif, ce sera de bien doser la présentation de chaque trame, afin de chercher un équilibre, mais aussi de faire concorder, d'une trame à l'autre, les événements qui se répondent, de manière à maximiser l'effet dramatique.

Mais bon, une chose à la fois.

6/17/2015

Fragilité

Je suis confronté, ces temps-ci, à l'extrême fragilité de l'être humain.

Il y a, bien sûr, le décès de Joël Champetier, survenu il y a quelques semaines, après un long combat contre la leucémie. Son départ, bien que prévisible, a bouleversé toute la communauté de la SFFQ, moi y compris. Même si je ne peux pas dire que j'étais proche de Joël, je le connaissais suffisament pour savoir que c'était un homme remarquable.

Plus près de moi, vendredi dernier, ma copine a fait un AVC alors qu'elle était au travail. Ses collègues ont eu le bon réflexe et ont immédiatement appelé une ambulance. Le temps que j'arrive à l'hôpital, ma copine avait déjà reçu un traitement visant à dissoudre le caillot de sang qui s'était logé dans son cerveau. Grâce à ces soins rapides et efficaces, elle n'aura pas de séquelles. Elle a été hospitalisée jusqu'à mardi soir, d'abord pour que l'anticoagulant cesse de faire effet, puis pour mener une série de tests afin de déterminer l'origine de l'incident. Faire un AVC à 28 ans, sans antécédents personnels ou familiaux, ce n'est pas vraiment commun. Le suspect principal, pour le moment, est son contraceptif oestroprogestatif, qui est reconnu pour augmenter le risque de thrombose artérielle.

Elle va bien, maintenant. Elle a été chanceuse. Son AVC, qui lui a temporairement fait perdre l'usage de son bras et de sa jambe gauche, aurait pu survenir à un bien pire moment (alors qu'elle était au volant de sa voiture, par exemple). Elle aurait aussi pu arriver trop tard à l'hôpital et garder des séquelles (perte de force, de motricité, de sensation, etc).

Ça tient à bien peu de choses, la santé.

6/10/2015

Les notes de sang


Londres, 1850. Hawthorne Lambton, horloger, inventeur génial et secrètement chef de la Confrérie des Freux (une organisation criminelle très puissante) convoite un violon magique que possède Yoshka Sinta, un tsigane. Ce dernier, accompagné de sa fille Toszkána, cherche à détruire le violon, source d’une malédiction ancestrale qui entraîne la mort des femmes de son clan dès qu’elles atteignent leur vingtième anniversaire. Lambton veut utiliser l’instrument de musique pour guérir son fils gravement malade, mais aussi pour étendre le pouvoir de sa Confrérie. L’horloger envoie donc un de ses sbires pour subtiliser le violon. Cependant, l’opération tourne mal : Yoshka est assassiné et le violon est perdu. Lambton manigance donc pour récupérer l’objet, tandis que Toszkána tente de se libérer d’une maison close où elle s’est retrouvée à la suite à la mort de son père.

Voilà un résumé, plutôt incomplet, j’en conviens, du roman de Corinne de Vailly. J’ai été contraint de tourner des coins ronds dans mon résumé, puisque Les notes de sang fourmille de sous-intrigues entrelacées (ce qui est une bonne chose), et qu’un résumé exhaustif de chacune d’entre elles aurait débordé de l’espace qui m’est alloué pour cette critique.

L’auteure met en place avec brio une atmosphère typiquement steampunk. Tous les éléments y sont : le brouillard, les improbables machines à vapeur, la misère rampante qui découle d’un capitalisme naissant et sauvage… C’est très réussi. Je dois admettre, cependant, avoir une réserve quant à l’aspect magique que prend le récit quand il traite du violon. Ce n’est pas tant que la dimension mystique ne cadre pas avec l’imaginaire steampunk (qui se rattache davantage à la science-fiction, et donc au matériel, à la technologie), mais plutôt que j’ai l’impression que la confrontation des deux domaines (science contre magie) n’est pas suffisamment exploitée. Par exemple, Lambton fabrique un automate (majoritairement composé d’os humains, rien de moins!) pour jouer du violon, et… Ça n’aboutit pas à grand-chose. L’idée est excellente, mais le récit ne fait que la présenter, sans en explorer les conséquences narratives et littéraires. J’ai l’impression qu’il y a là des occasions manquées.

Cela dit, le roman présente des personnages intéressants et très bien construits. Lambton, par exemple, oscille entre la figure du scientifique fou assoiffé de pouvoir et celle d’un père véritablement inquiet de la santé de sa progéniture. Il veut donc s’approprier les pouvoirs magiques du violon pour sauver son fils, mais aussi pour étendre l’empire de sa Confrérie. D’autres personnages, comme Toszkána, sont un peu plus unidimensionnels, mais tout de même bien esquissés, et se comportent généralement de manière crédible et cohérente.

L’écriture dans le roman est globalement très compétente, avec un vocabulaire riche et varié, ainsi qu’une syntaxe impeccable. Le seul point qui m’a un peu agacé, c’est la focalisation très laxiste, qui passe allègrement d’un personnage à un autre à l’intérieur d’une même scène. Je suis plutôt un partisan d’une focalisation plus rigide, qui, à mon sens, donne une narration plus resserrée et cohérente. Mais bon, on ne peut pas tout avoir, semble-t-il.

Les notes de sang est un roman intéressant, très bien construit, même s’il ne me semble pas explorer toute la richesse de son potentiel.


Critique parue dans Brins d'éternité 41.