Sommeil profond
Il y a quelques mois, je revenais, seul, d'une soirée particulièrement bien arrosée au St-Bock. J'étais encore capable d'aligner un pied devant l'autre, évidemment, je ne suis pas ivrogne à ce point (pas encore), mais la fatigue éthylique se faisait sentir, et j'avais bien hâte de me retrouver dans un lit (qui ne serait pas le mien, mais plutôt un matelas gonflable dans le bureau de la maison de ma mère; j'avais décidé d'aller coucher là pour des raisons logistiques).
C'est dans un demi-sommeil que j'attendais le métro à la station Berri-UQAM, bien calé contre le mur, les mains sur les genoux, dans l'attente du grondement caractéristique du wagon entrant dans la station. Après un moment qui m'a paru une éternité, les portes coulissantes se sont ouvertes devant moi, et j'ai pu trouver un siège libre, à côté de la fenêtre. Je me suis accoudé le plus confortablement possible (lire "peu") contre la vitre vombrissante et j'ai fermé les yeux. Prochaine station: Sherbrooke.
J'ai ouvert les yeux. La bouche pâteuse, les paupières collantes. Entrée en station: Mont-Royal. C'est fou, j'ai eu l'impression de m'être assoupi bien plus longtemps. Hâte d'arriver. Prochaine station: Sherbrooke.
Quoi?
Encore à moitié endormi, je vois le train arriver à la prochaine station, qui est effectivement Sherbrooke, puis arriver à mon point de départ, soit Berri-UQAM. Je n'ai plus besoin de preuves supplémentaires, je décide donc de sortir du wagon et d'aller attendre (encore!) le métro dans la bonne direction.
Mon esprit encore embrumé par le sommeil et l'alcool n'arrive pas tout à fait à comprendre comment j'ai réussi à partir du point A et, sans changer de direction, arriver à nouveau au point A. Ai-je été somnambule? J'ai déjà eu des crises par le passé, mais rien d'aussi flyé que de descendre d'un métro, de monter et de descendre plus escalier, d'attendre sur le quai et de m'asseoir dans un wagon. Non, la réponse la plus plausible est que je me suis probablement profondément endormi et que j'ai roulé jusqu'à Montmorency (ou seulement Henri-Bourassa, si le train n'allait pas jusqu'à Laval) et que, de là, j'ai refait tout le chemin jusqu'à Mont-Royal, sans m'éveiller une seule fois.
Ça semble bien logique comme ça, mais la sensation d'avoir perdu un moment de mémoire est très troublante. J'ai tendance à mettre cette anecdote en lien avec la façon dont je construits mes histoires fantastiques. J'avais déjà parlé des cinq étapes du deuil et de la similitude que je voyais entre ces étapes et celles du fantastiques. Je disais qu'un défaut que je vois souvent dans les fictions fantastiques est la trop grande place qu'occupe la phase du déni: ça ne sonne pas réaliste, ça bloque le récit et c'est très cliché. Et bien maintenant, je peux affirmer que dans mon cas, lorsque j'ai été confronté à une situation qui, selon mon point de vue, sur le moment, défiait toute logique, je n'ai pas passé bien longtemps à essayer de nier l'évidence: ce qui m'arrivait était tangible, réel, et il ne m'est pas venu à l'idée de l'occulter (même si l'étrangeté de la situation me troublait).
Cela dit, depuis, je tente de rester éveillé dans le métro.
lolololol!
RépondreEffacerÇa m'est déjà arrivé moi aussi (à l'époque où je partais de Bonaventure pour me rendre à Côte-Vertu pour travailler le matin).
Heureusement, j'étais pas revenue à mon point de départ, mais j'avais fait le U-Turn de fin de ligne! hihihihi (c'est d'ailleurs ce qui m'avait réveillée)
Un point que je trouve dommage dans mon histoire, c'est que j'ai même pas vu l'endroit du fameux U-Turn. Ça ne doit pas être bien palpitant, je sais, mais quand même, ça m'a toujours intrigué.
RépondreEffacerConnais-tu Tyler Durden?
RépondreEffacerAh, tu le connais aussi ? Il m'a pourtant bien dit de ne parler de lui à personne...
RépondreEffacerHehe, marrant. J'aime bien le parallèle avec les histoires fantastiques, c'est vrai que ça fait un peu "Twilight Zone"...
RépondreEffacerGuillaume. Je suis Tyler Durden...
RépondreEffacerSérieusement par contre, ça gère ton truc et c'est flippant, le genre d'histoire que tu peux raconter à une nana un peu îvre dans un bar histoire de le tricoter chez elles quatre martinis plus loin dans la soirée... ;)
Alex : Ouais, Twilight Zone, ça faisait vraiment ça sur le coup :)
RépondreEffacerTyl--lamo : Ah, tu sais, je te permets d'emprunter l'histoire, si tu veux ;)
That's what wingmen are for! ;)
RépondreEffacerDommage que tu n'es pu appercevoir cet endroit mystique où le métro tourne et où les gens qui dorment disparaisse pour se réveiller dans une dimension alternative! ;)
Hehe...Ça m'est arrivé une fois aussi, mais bien moins longtemps. J'étais debout, devant la porte, pas endormi du tout et je me suis retrouvé soudainement une station plus loin. Comme si j'avais perdu 1 minutes de ma vie. Çe fut assez troublant.
RépondreEffacerÇa m'a justement inspiré une nouvelle sur laquelle je travaille présentement.
François : Ton histoire semble plus troublante que la mienne... J'espère que tu sauras faire une bonne nouvelle avec ça
RépondreEffacerCe n'est pas le pire, Guillaume.
RépondreEffacerQuand tu prendras ta douche ce soir, examine attentivement ton dos dans le miroir...
Daniel : Bon, maintenant j'ai peur d'enlever mon chandail :S
RépondreEffacerFun fact : ça m'est *encore* arrivé, hier, mais dans un autobus. Heureusement que la ligne se terminait à un métro pas trop loin de chez moi...
RépondreEffacerMisère...pourquoi ais-je lu ce drame avant de partir pour Angrignon?
RépondreEffacerVraiment troublante histoire. Il faut que tu ais un sacré sommeil profond pour te retrouver au même point qu'à ton départ, sans t'en rendre compte et de la chance qu'un employé du Métro ne t'ai pas croisé pour te remettre sur pied.
RépondreEffacerTu es bon conteur aussi. Je me demandais au début si c'était une vrai histoire ou une fiction. Des fois, la réalité dépasse la fiction, comme on dit. Et c'est vrai qu'elle peut devenir inspirante.
Gabrielle : Merci :)
RépondreEffacerJ'ai immortalisé ma mésaventure en bus dans une BD bien amateure. Disponible ici.