10/09/2009

Modes d'écriture

Je remarque, alors que je me remets de plus en plus sérieusement à l'écriture, une certaine évolution dans mon rapport à la création, principalement dans mes méthodes de travail.

Alors qu'il y a quelques années, j'étais du genre à commencer la rédaction d'une histoire à partir du début et de continuer, dans la mesure du possible, de façon linéaire jusqu'à la fin, j'ai maintenant une approche beaucoup plus libre: j'ai tendance à approcher un texte non pas comme un bloc uni, mais comme une succession de scènes, de moments, évidemment fortement interreliés, mais que je peux traiter individuellement, dans l'ordre qui me convient le mieux au moment de l'écriture.

Ç'a l'avantage, pour moi, de me permettre de continuer la rédaction d'un texte même si je ne suis pas capable, pour une raison ou pour une autre, d'en compléter une partie spécifique. Et ça fonctionne bien, jusqu'à présent. Comme le mentionne Annie Dillard dans En vivant, en écrivant, souvent, quand il y a un problème très précis dans l'écriture d'un texte, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche d'une plus grande ampleur qui se cache, en filigrane, dans la trame narrative de l'oeuvre. Approcher un texte à partir de plusieurs fronts en même temps me permet d'avoir une vision plus générale de ce que je suis en train de créer.

Le désavantage, cependant, est que je dois parfois réécrire en bonne partie certains passages, qui fonctionnaient quand je les ai mis sur papier, mais qui, suite à l'écriture d'une autre scène, deviennent problématiques ou contradictoires. N'empêche, je trouve ça exaltant, parce que chaque réécriture, de mon point de vue, vise à améliorer le texte: je n'ai donc pas l'impression de travailler dans le vide.

Il est fort probable que cette méthode s'affine (ou, au contraire, qu'elle change radicalement) au fil de mon écriture. Et c'est tant mieux comme ça, je trouve ça important et bénéfique d'explorer d'autres modes, d'autres techniques d'écriture. J'ai pensé, par exemple, me lancer des petits défis, du genre écrire X nouvelles en X temps, ou encore composer Y textes différents à partir d'une prémisse de base (partir d'une même idée et créer des histoires sur le mode fantastique, science-fiction, fantasiste, policier, réaliste...), etc. N'importe quoi pour me motiver à l'écriture, pour me dynamiser. Dans l'immédiat, mes dates de tombées suffisent (et encore là) à me faire produire, mais eh, qui sait, cet hiver, pour contrer le froid, la neige et la déprime?

8 commentaires:

  1. J'expérimente aussi cette "écriture par tableau" depuis un petit moment. :) Ce que j'aime, c'est qu'on peut varier la narration, les temps de verbe, etc, d'un tableau à l'autre et puis quand on en a suffisamment d'écrit, là on peut faire des choix éclairés. Bref, on expérimente tout en produisant au lieu de produire et de devoir ensuite tout adapter pour expérimenter. :)

    Intéressante l'idée d'écrire plusieurs histoires de genres différents avec une seule prémisse. Ça va prendre toute une prémisse par contre...

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  2. Hmmm je n'en suis pas encore rendu là. J'aimerais l'y être par contre, j'ai encore la manie d'écrire au fur et à mesure et d'ajouter des idées qui souvent se retrouve à la fin.

    Mais j'admets que je devrais m'y laisser tenter aussi. Ça pourrait contourner mon blocage mentale...

    Pauvre Carmélie...elle aura froid cet hiver à t'entendre parler! :p

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  3. Écriture en tableau. Hmmm... Vraiment intéressant. Faut que j'essaie voir.

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  4. Ça ressemble à ma façon de travailler: désordre total. Après ça, faut essayer de trouver un ordre.

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  5. Gen : Experimentation, tout à fait, voilà le maître mot :)
    Quant à une prémisse, ça peut être assez général mais très porteur. Ça peut être thématique, narratif, formel, conceptuel, ou un savant mélange de tout ça. Si tu as des idées, n'hésite pas à proposer ;)

    Alamo & Pierre : L'important, c'est d'avoir une technique avec laquelle on se sent bien et qui donne des bons résultats :)

    Claude : Tout de même, l'ordre, je le trouve surtout pendant l'écriture, pas tant après. La fragmentation de la composition vise à trouver une unité en cours de route, l'écriture d'une partie en amenant une autre, et ainsi de suite...

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  6. Quand je bloque, j'ai aussi tendance à sauter à un autre passage ou à simplement travailler diverses parties de l'histoire en même temps en sachant vaguement dans quel ordre tout ça se retrouvera. Mais je n'avais jamais envisagé changer la narration ni le POV, je trouve que ça peut être extrêmement intéressant. De plus, ça éviterait peut-être de devoir tout réécrire à un autre temps ou, par exemple, au "je" à la place d'au "il" puisque ça aurait été essayé en cours de route... hummmm, très intéressante discussion !

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  7. Je travaille beaucoup par tableau quand j'ai une idée de scène ou d'ambiance qui ne s'accompagne pas d'une intrigue ou est trop faible pour soutenir à elle seule l'histoire.

    J'écris des morceaux, des tableaux, j'accumule le matériel quoi, puis je classe plus ou moins et, un moment donné, je trouve un fil pour réunir certains morceaux...

    Mais je suis comme Claude : c'est généralement le bordel total pendant un bout! :p

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  8. et des fois tu écris en alexandrins????666

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