Le contraste de l'éternité - Genèse
J'ai une semaine un peu occupée. J'irai faire un tour samedi au Salon du livre de Trois-Rivières, et j'essaie d'avancer dans mes autres obligations pour me libérer cette journée. Je risque de rôder, samedi, près du kiosque des Six Brumes, si vous voulez jaser de Bizarro, dont la prévente est toujours en cours.
D'ici là, j'aimerais prendre quelques instants pour vous parler du parcours de ma novella Le contraste de l'éternité, qui m'accompagne depuis un petit moment. Ne vous inquiétez pas, aucun spoiler ici.
J'ai commencé à l'écrire en novembre 2009, dans le but d'en faire une courte nouvelle. À l'époque, j'étais en pleine rédaction de mon mémoire en création littéraire, dans le cadre duquel je préparais un recueil de nouvelles alternant entre la science-fiction et la littérature réaliste. En début décembre, j'avais un texte d'une vingtaine de pages, mais je n'en étais pas satisfait. Le ton n'y était pas, c'était confus, incomplet (je m'étais un peu forcé à terminer la patente même si je sentais que ça ne marchait pas). Je l'ai donc écartée et me suis concentré sur d'autres idées de nouvelles, qui cadraient davantage avec le style de mon mémoire (qui est d'ailleurs disponible en ligne, en format PDF, pour les curieux).
Ce qui est intéressant, c'est que presque tous les éléments importants de la version finale de ma novella se trouvaient déjà dans cet embryon. Le titre, d'abord (qui est une référence à Paul Ricoeur), mais aussi le concept des automates (concept qui est aussi utilisé dans d'autres textes de mon mémoire, et que je compte bien explorer encore dans des histoires à venir) et d'un contrôleur, l'oeuf, l'artefact qu'il contient, les dédoublements, le temps fréquentiel, la fragmentation narrative causée par une explosion... Même la thématique générale y était, celle de la déchéance, de la corruption, de la perte de soi. C'est plus développé, évidemment, dans la novella, mais c'était quand même là dès le début, dans la nouvelle.
En janvier 2012, motivé par la récente parution d'Agonies, le premier collectif de La Maison des viscères, je suis revenu au texte, après avoir proposé le projet aux éditeurs, en leur présentant ça comme de la SF-horreur "un peu à la Event Horizon, mais avec des twists temporels et narratifs".
J'ai relu la nouvelle écrite deux ans plus tôt. Verdict: on efface tout et on recommence. Six mois plus tard, j'avais une novella d'un peu moins de 20 000 mots. Beaucoup de modifications par rapport à la version originale, outre la longueur: changement de narrateur, ajout de deux personnages (Léonie et Ada), une histoire cohérente (ou enfin, pas mal plus). C'est cette version que j'ai proposée à La Maison des viscères. La novella a été acceptée, si je me souviens bien, au moment du lancement d'Exodes (le deuxième collectif de la maison, fin novembre 2012).
Avant de commencer la direction littéraire, j'ai effectué une réécriture majeure du texte, y ajoutant presque 10 000 mots. Je me souviens surtout d'une modification importante apportée par cette réécriture, à part un remaniement complet de l'ordre des scènes: l'ajout du concept des nanomorphes, développé avec Ariane Gélinas dans la nouvelle L'ascendance des sélènes (parue dans un numéro de Clair/Obscur, puis dans son recueil Le sabbat des éphémères). J'ai beaucoup retravaillé le texte par la suite, évidemment, mais je considère quand même qu'à partir de ce moment-là, la novella était "feature-complete", comme on dit en bon français.
Voilà donc pour cette courte histoire d'une histoire.