Diary of the Dead, de George A. Romero
Après Blair Witch Project et, plus récemment, Cloverfield, un certain sous-genre de film d'horreur semble vouloir s'affirmer avec le dernier film de zombies de George A. Romero, Diary of the Dead (en fait, le film est paru avant Cloverfield, mais a surtout fait des festival, et ne semble pas avoir connu de véritable sortie en salle). En effet, ce dernier opus de la suite de film sur les morts-vivants emprunte un style visuel particulier: caméra à l'épaule, images nerveuses, presque constamment en mouvemement. Est-il nécessaire de prévenir les spectateurs qui ont eu des hauts-le-coeur avec Cloverfield de se tenir éloigné de ce film?
Pour ceux qui ont l'estomac plus solide, par contre, Diary of the Dead peut s'avérer un très bon visionnement. L'histoire, vous la connaissez déjà, si vous avez déjà vu au moins un film de zombies: un peu partout à travers le monde, sans que l'on sache vraiment pourquoi ni comment, les morts reviennent à la vie, transformés en cannibales décérébrés. Les personnages, un groupe d'étudiants en cinéma qui essayaient de réaliser un film d'horreur au moment de l'épidémie, décident de retourner chez eux. L'un d'entre eux, Jason, prend l'initiative de filmer les événements dont ils sont témoins. Cette entreprise tourne rapidement à l'obsession: il devient presque plus important d'enregistrer sur pellicule une attaque de zombie que de protéger les autres membres du groupe.
Les personnages demeurent assez superficiel tout au long du film: au mieux sait-on que cette blonde vient du Texas, qu'une autre est très catholique, que le professeur alcoolique a déjà fait la guerre (je ne sais plus s'il est précisé laquelle). Ce qui est surtout développé, dans Diary of the Dead, ce n'est pas tant la relation personnage-personnage, mais la relation personnage-camera, autant pour celui qui la manipule que pour celui qui est filmé. On assiste, en fait, à une véritable symbiose, comme en témoigne cette scène dans l'hôpital, où Jason se sépare du reste du groupe pour recharger sa caméra (I can't go with them, I'm fucking plugged in). Le but ultime des personnages n'est plus de tuer les morts-vivants, contrairement à ce qu'on voit dans les films de zombies traditionnels, mais de les filmer (divergences qui sont astucieusement réunies sur le plan langagier par la double signification du terme anglais shoot).
Évidemment, il faut voir le film comme une satire de notre société médiatique pour accepter certains choix des personnages. Néanmoins, le message est dépeint de façon plutôt grossière, sans la subtilité qui aurait été nécessaire pour le faire passer réellement. On est trop conscient de ce que le cinéaste veut dire, à travers ses personnages, pour vraiment réfléchir sur le sujet, même si le film présente quand même quelques pistes intéressantes, comme celle de l'autoréférence. Par exemple, le groupe d'étudiants se munit assez rapidement d'une deuxième caméra, qui filme en même temps que la première, ce qui fait que plusieurs plans du film montrent un personnage en train de filmer la scène: le film s'observe lui-même, décrit sa propre évolution, devient une fin en soi.
Pour ma part, j'ai bien apprécié le visionnement de Diary of the Dead, mais comme je suis un indécrottable fan de zombies, je ne suis peut-être pas le spectateur le plus impartial. Il m'a quand même semblé que le rythme du film était très réussi, peut-être pas aussi frénétique que dans Cloverfield (d'ailleurs, dans Diary, contrairement à Cloverfield il y a un montage, affirmé et plus ou moins expliqué), mais quand même. J'irais même jusqu'à dire qu'il s'agit de mon préféré de Romero, jusqu'à présent, et qu'il est franchement supérieur à son très oubliable Land of the Dead.