12/20/2011

Le Déchronologue, de Stéphane Beauverger



Le capitaine Henri Villon, flibustier français voguant dans la mer des Caraïbes du XVe siècle, recherche obstinément des maravillas, ces mystérieuses reliques aux pouvoirs divers qui semblent venir d'un autre temps. Comme ces conservas, qui peuvent conserver la nourriture pendant une période de temps apparemment indéterminée. Ou ces boîtes à musique d'où s'échappent des mélodies inconnues...

Bien rapidement, le capitaine Villon et son équipage de pirates se retrouvent dans l’œil d'une tempête temporelle dont les conséquences sont aussi imprévisibles qu'impitoyables. Pour tenter de sauver ce qu'il peut, il écume les mers sur le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.

Stéphane Beauverger nous livre ici un roman tout en finesse et en complexité, à l'intrigue riche et aux personnages incroyablement vivants. Souvent, des événements très importants sont présentés à demi-mot, sans artifices et sans trop d'insistance. Il est rafraîchissant de lire un roman de genre qui ne prend pas trop ses lecteurs par la main, qui leur fait suffisamment confiance pour adopter une vitesse de croisière respectable, de même qu'un trajet plutôt tortueux. En effet, les chapitres du roman sont présentés dans le désordre, projetant ainsi sur le plan formel les perturbations temporelles évoquées dans l'histoire.

L'écriture de Beauverger est, de plus, délicieuse, juste et limpide. Je n'ai remarqué qu'un seul sérieux accrochage, qui se rapporte davantage à l'énonciation qu'au style. L'histoire est narrée au je, du point de vue du capitaine Villon. Et on a droit, en début de récit, à une description de Villon. Par Villon. Ça donne l'impression de lire une fiche Réseau-Contact. Mais version pirate. (Réseau-Pirate... Hum...) L'effet de lecture est plutôt douteux; on sent la volonté de l'auteur de représenter physiquement son personnage, alors que ce n'est aucunement nécessaire. On a déjà un accès privilégié à son parler, son style, ses actions et réactions... C'est ce qui fait la richesse d'un personnage. Pas la couleur de ses cheveux ou la longueur de sa moustache.

Ça ne change pas le fait, cependant, que Le Déchronologue est un excellent roman de science-fiction uchronique. Du genre qu'on voudrait lire plus souvent. Vivement recommandé.

Critique parue dans Brins d'éternité 30

3 commentaires:

  1. Tiens, je vais devoir l'ajouter à ma pile (est-ce qu'on peut encore appeler ça une pile quand ça peut remplir une pièce ?)...

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  2. Intéressant... Mais je suis comme Pierre-Luc : il me faut un nouveau mot pour la pile à lire... (et un nouveau budget pour tout acheter!)

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  3. Si on avait le temps de tout lire...! Clairement.

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