10/28/2007

Nuancement

Depuis quelques billets, je semble prendre un malin plaisir à descendre en règle le roman "Le Temps" de Sébastien Gazaille. C'est plutôt vrai: la lecture de ce livre m'est extrêmement pénible, et je l'aurais déjà abandonnée si je ne m'étais pas déjà decidé à en faire une critique pour Brins d'éternité.

Mais, je ressens quand même le besoin de nuancer mes propos: si le roman de Sébastien Gazaille est médiocre, ça ne veut pas dire, dans l'absolu, qu'il est un auteur médiocre. Enfin, je dis ça, mais s'il exécute sa menace d'écrire et de publier le deuxième tome de sa série, croyez-moi, je vais fuir ce roman comme la peste.

Cependant, s'il reconnaît que son écriture n'est pas mûre, que la publication à compte d'auteur ne donne que rarement des résultats convaincants et qu'il est de loin préférable (sinon essentiel) pour un jeune auteur de passer par le processus d'une direction littéraire compétente, eh bien, je serais prêt à lui donner une autre chance.

Plusieurs lecteurs sont beaucoup plus rancuniers que moi, par contre. En un sens, je le plains: "Le Temps" pourrait s'avérer un premier roman plutôt gênant, dans la carrière d'un écrivain...

9 commentaires:

  1. Bonjour, J’ai lu le roman de Sébastien Gazaille intitulé : Le Temps récemment, et je dois dire que vos commentaires sont extrêmement surprenant. J'ai lu la critique du roman sur le site Mireldar, et, étant une fan inconditionnelle de SFFQ, je n'ai pu m'empêcher de l'Acheter. J'ai trouver le roman en sommes très bien écrit (je dis bien en somme car il y avait certaines erreurs notables).
    L'imaginaire du roman est assez fantastique. Je pense notamment à des scènes qui m'ont coupé le souffle. Je trouve courageux le fait de publier un roman à compte d'auteur, particulièrement vu la férocité du milieu. Je ne trouve pas que votre façon de descendre le roman d'un jeune auteur Québécois est particulièrement productive. Au contraire, je trouve cela plutôt mesquin et lâche. Je n'ai jamais été capable de terminer moi-même un livre. Dieu sait que j'ai tenté à plusieurs reprises, mais le travail est extrêmement ardu. Je n'ai donc que de l'admiration pour ceux qui sont capables de le faire. Encore plus pour ceux qui le font de leur propre chef. Votre acharnement serait-il de la jalousie ?

    Julie Arsenault

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  2. je suis outrée! méchant guillaume! comment as-tu osé descendre ce roman, toi dont le jugement influence les pauvres foules innocentes ? toi dont les critiques monopolisent les média, toi sans qui le Verbe ne serait point ? repend-toi, je t'en conjure, avant que quelque chose d'aurible (ton compte hotmail effacé, et celui de tes parents, de tes amis, et de leurs enfants, pour au moins 3 mois!!) n'arrive ! fais vite!!!!!!!!1

    potomad

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  3. Bonjour Julie,

    Premièrement, le billet sur lequel vous avez laissé un commentaire avait pour but de nuancer (d'où le titre) mes propos qui pouvaient effectivement avoir l'air mesquins, mais qui n'étaient dus qu'à l'état d'accablement dans lequel la lecture du roman "Le Temps" m'a mis. Libre à vous, donc, de me trouver petit, vil, jaloux (ajoutez ce que vous voulez), mais ce n'est pas l'opinion que je n'ai ni de moi, de ce que j'ai écrit sur ce site.

    Ensuite, j'ai lu aussi la critique de Mireldar sur son site, et, comme vous vous en doutez, je suis en profond désaccord avec cette lecture du roman. Le style de l'auteur est mutilé par des répétitions excessives, un vocabulaire incorrect (notamment, l'adverbe "ardemment" ne s'utilise pas à toutes les sauces (comme avec pleurer ou pleuvoir), comme semble le croire monsieur Gazaille) et des fautes d'orthographe et de grammaire. Ce sont là des faits, Julie, et non une interprétation (voir les quelques "perles" que j'ai citées sur ce site). Il n'y a donc pas de mesquinerie à dire que le livre est mal écrit... Quant à l'acharnement qui serait, selon vous, un signe de jalousie, à quoi se résume-t-il, à part le présent billet? À l'explication de quelques faits qui, en début de lecture, m'ont rebuté (ce que vous ne pouvez sérieusement me reprocher), à une poignée d'incohérences ainsi qu'à deux ou trois citations. Voilà. Surtout quand on considère que j'ai tenu à nuancer mes propos, je crois que le terme d'acharnement ne tient pas.

    Quant à l'imaginaire du roman, personnellement, je l'ai trouvé pauvre: que la société ancienne décrite au cours de l'histoire ressemble à la nôtre, d'accord, mais qu'elle y ressemble presque en tout point, il me semble y voir là une sérieuse lacune dans la création de l'univers... Il s'agit cependant ici plutôt d'une opinion personnelle, j'en conviens.

    Je n'ai jamais, moi non plus, achevé l'écriture d'un roman, et vous me faites remarquer que j'ai oublié dans le présent billet un point qui me semblait: l'auteur a eu la motivation et l'énergie d'écrire son roman au complet, et c'est effectivement tout à son honneur. Cependant, comme le mentionne Yves Meynard dans son excellent article "Comment ne pas écrire des histoires" (qui est disponible en ligne sur le site de Solaris), ce n'est pas écrire qui est difficile : c'est bien écrire.

    Ce qui m'amène à mon prochain point : ne serait-ce que par rapport au style, c'est-à-dire en oubliant toutes les incohérences qui handicapent le roman (le fait que les personnages boivent du champagne avant même la fondation de la ville d'où l'alcool tire son nom, par exemple), "Le Temps" aurait grandement bénéficié d'une direction littéraire compétente. Plutôt que de faire fi du message derrière le refus qu'il a essuyé quand il a soumis son manuscrit et de décider de fonder sa propre maison d'édition pour se publier lui-même, pourquoi l'auteur n'a-t-il pas saisi l'occasion de retravailler son oeuvre, de l'améliorer? Peut-être se sentait-il un artiste incompris? Enfin, voilà pourquoi je considère qu'un processus d'autopublication comme celui auquel Sébastien Gazaille a eu recours n'a aucune crédibilité, et qu'il tient davantage de l'onanisme littéraire que de l'audace.

    Même si vous semblez croire le contraire, je suis aussi un fan de la SFFQ, l'inconditionnel en moins: il faut arrêter de porter aux nues tout ce qui est écrit au Québec en littérature de genre simplement parce que c'est écrit au Québec. Vous me traitez de lâche et de mesquin, Julie. À votre guise. Sachez cependant que j'éprouve aussi énormément de respect pour les auteurs, mais tout particulièrement à ceux qui s'investissent à fond dans leur processus d'écriture, et qui ont l'humilité, la patience et la persévérance de retravailler leurs romans jusqu'à qu'ils soient publiables. Je ne considère cependant pas que Sébastien Gazaille soit ce genre d'auteur.

    Je réitère mon point : je n'ai pas du tout aimé "Le Temps" (je le répète, je ne vise aucunement la personne de l'auteur en disant cela: ce serait, alors, de la mesquinerie). Si ça fait de moi un méchant, eh bien, soit.

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  4. Mais non, on est pas en désaccord :))) J'ai noté aussi qu'il y avait des erreurs. J'ai lu beaucoup de livres à compte d'auteurs, pénible! Celui-ci est différent. L'auteur a du potentiel et je crois qu'il faut lui donner sa chance. Il y a des livres foncièrement mauvais (je viens justement de refermer l'un d'entre eux – un de plus), mais je ne crois pas que celui de Monsieur Gazaille en fasse parti.
    Trop peu d’auteurs en littérature de genre se démarquent au Québec, de là je crois en la nécessité d’encourager et de soutenir ceux qui possèdent un certain potentiel. Je sais que tu es en accord avec ceci, puisque tu soutient Brins d’éternité. Ce que je ne comprends pas, ce sont ces posts à répétition que tu envois, t’acharnant sur les perles et coquilles d’un nouvel auteur qui tente tant bien que mal, à se démarquer dans une voix qui lui est propre.
    Sébastien cherche depuis plusieurs mois un éditeur. Lui transmettre une critique constructive lui serait certainement bénéfique. Ce n'est pas d'un lynchage en règle dont il a besoin, c'est de l'aide.

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  5. Oui, je suis d'accord avec le fait que j'ai posté plusieurs billets concernant ce roman, et que ça puisse déranger. C'était pas dans un but d'acharnement, loin de là, en fait c'était pas du tout prémédité, c'est avec un peu de recul que je me suis rendu compte que, ouais, ça commençait à faire beaucoup. J'ai voulu désamorcer, c'était un peu le but du présent billet, mais peut-être que ça a juste empiré les choses. Enfin, pour ça, je demande humblement pardon.

    Et je crois qu'on dit à peu près la même chose: l'auteur a du potentiel, et il devrait retravailler son écriture pour l'améliorer. Mais je persiste à croire que l'autopublication de son premier roman n'était vraiment pas la meilleure stratégie qu'il pouvait prendre.

    Cependant, et je crois comprendre pourquoi on ne dit pas la même chose du roman, je ne considère pas qu'un roman édité à compte d'auteur devrait être lu différemment d'un roman "pro". Après tout, les deux se vendent en librairie, les deux coutent pas mal dans les même prix... Pour le lecteur/consommateur, il n'y a aucune différence. Je vois pas pourquoi un critique en tiendrait compte...

    Cela dit, ma critique dans Brins d'éternité se voudra, justement, plus objective et constructive :)

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  6. Ah... La publication à compte d'auteur... Quelle joie.

    J'ai eu l'occasion de lire (ou devrais-je dire "commencer à lire") des romans de SFFQ publiés à compte d'auteur et, dans tous les cas, j'ai été déçu. Comme vous le dites tous, je crois que c'est une très mauvaises stratégie pour un auteur. Et souvent, une bonne direction littéraire pourrait faire toute la différence. Je crois que s'il y a quelqu'un de lâche dans cette histoire, ce n'est pas toi Guillaume; c'est l'auteur qui n'a pas eu le courage et la percévérence de retravailler son oeuvre, d'accepter les commentaires, et qui a décider de prendre l'option facile: l'auto-édition. La direction littéraire peut faire toute la différence entre un roman médiocre et une perle, surtout pour un premier roman. Si quelqu'un peut écrire un roman complet de X pages, et qu'il a la force de travailler avec un éditeur pour en corriger les erreurs qu'il ne voit plus parce qu'il a le nez trop collé sur les pages pour les déceler, alors il pourra se surpasser. Un roman, ce n'est pas l'affaire d'une seule personne. Le nom de l'auteur est écrit en gros, mais l'éditeur est tout aussi important. Voilà. Mes 0.02$ CDN, ou 0.03$ US si vous préférez.

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  7. Je désapprouve entièrement la publication à compte d’auteurs. Ces livres font partis de mes plus mauvaises expériences de lecture. Ces écrivains n’encouragent pas à la lecture.
    Très peu d’éditeurs envoient des commentaires de lecture qui permettraient aux nouveaux auteurs d’améliorer leur manuscrit. Ceux-ci croyant (et non à tord) que le marché ne possède pas la capacité de les publier se tournent alors vers l’auto-édition ou pire, ils ouvrent leur propre maison d’édition pour publier leurs semblables. N’est-ce pas ainsi que naissent les nouvelles maisons d’édition? Des auteurs frustrés désireux d’être publiés et de développer un nouveau marché. Beaucoup de ces nouveaux éditeurs sont médiocres, mais d’autres arrivent à se démarquer, tant bien que mal. C’est de cette chance au coureur dont il est question ici. Il faut avoir assez d’instinct pour distinguer le bon grain de l’ivraie.
    Malgré ses erreurs, je trouve que Sébastien Gazaille possède assez de culture générale, de connaissance en littérature de genre et de courage pour devenir un bon écrivain. Ce qui lui manque c’est de la pratique et du support, ce que je lui souhaite de trouver. La route est longue avant de devenir un bon écrivain.
    Je suis heureuse qu’il ne passe pas inaperçu, que tu ai décidé de t’y intéresser malgré le fait qu’il ait commis l’erreur de publier à compte d’auteur. Si tu t’intéresse à lui, c’est probablement parce que, tout comme moi, tu sens qu’il en vaut la peine. C’est une chance pour lui si l’on considère que dans le milieu, 80% des auteurs passent inaperçus.

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  8. "Ceux-ci croyant (et non à tord) que le marché ne possède pas la capacité de les publier se tournent alors vers l’auto-édition ou pire, ils ouvrent leur propre maison d’édition pour publier leurs semblables. N’est-ce pas ainsi que naissent les nouvelles maisons d’édition?"

    Ben, pas vraiment. Enfin, pas nécessairement. Je pense aux Six Brumes, notamment, qui ne me semblent pas fonctionner selon cette dynamique. Il est vrai que la plupart des nouvelles maisons d'édition veulent publier des auteurs de la relève, et c'est bien normal, j'imagine que c'est ce que tu entends par "semblables", mais moi je vois ces maisons d'éditions, tout comme les fanzines d'ailleurs, comme des plate-forme de publication pour de jeunes auteurs (et éditeur, si on prend ça par l'autre bout), mais pas nécessairement pour des auteurs frustrés... Et je ne qualifierais pas les éditeurs des Six Brumes d'auteurs frustrés, non plus. Enfin :)

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  9. En fait, je ne pensais pas vraiment aux Six Brumes en disant ça, mais plutôt aux Z’Ailées et autres micro-éditeurs. Les Six Brumes ont pris de l’expérience et ont défini leur mandat depuis leur création. Des personnes dynamiques et qualifiés se sont joint à l’équipe. Mais faut pas mystifier non plus les raisons qui ont amené la création de la maison d’édition. Ce sont des jeunes auteurs qui ne trouvaient pas d’éditeurs et qui ont décidés d’unir leur effort pour s’auto-publier. Si j’emploie le terme « frustré », ce n’est pas dans un sens péjoratif, mais simplement pour souligner qu’il est frustrant de recevoir des lettres de refus.

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